RGPD : quelles obligations pour les sous-traitants informatiques ? 

doigt qui pointe RGPD entouré de cadenas

À l’heure où les données personnelles représentent un actif stratégique, les entreprises doivent redoubler de vigilance dans le choix et le suivi de leurs sous-traitants. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) impose un cadre strict aux relations contractuelles entre les responsables du traitement et leurs prestataires. Objectif : garantir la sécurité des données personnelles à chaque maillon de la chaîne. Tour d’horizon des obligations, bonnes pratiques et leviers d’audit pour rester en conformité… et à l’abri des sanctions. 

Des clauses contractuelles obligatoires et précises 

Premier rempart contre les risques juridiques : un contrat de sous-traitance solide, conforme à l’article 28 du RGPD. Ce document doit encadrer avec précision les contours de la prestation : finalité du traitement confié, durée, type de données concernées, et catégories de personnes touchées. 

Le sous-traitant, de son côté, s’engage à n’agir que sur instruction documentée du responsable du traitement. Il doit garantir la confidentialité des données et mettre en œuvre des mesures de sécurité adaptées aux risques. Le contrat doit également restreindre la sous-traitance ultérieure, en la conditionnant à une autorisation écrite préalable du donneur d’ordre. Autres obligations : assister ce dernier dans le respect des droits des personnes (accès, rectification, suppression), notifier toute violation de données, et participer aux analyses d’impact. 

Enfin, la fin du contrat doit être encadrée : restitution ou destruction des données, et mise à disposition des éléments prouvant la conformité du sous-traitant. 

L’audit, pilier de la maîtrise des risques 

La conformité d’un sous-traitant ne s’évalue pas uniquement à la signature du contrat. Elle se vérifie, se teste et s’audite. Premier réflexe : passer au crible le contrat pour s’assurer qu’il contient bien les clauses exigées par le RGPD. Le périmètre du traitement, les responsabilités du prestataire, et les modalités de fin de contrat doivent y figurer noir sur blanc. 

Mais l’évaluation doit aller plus loin. Il est crucial de s’assurer que le prestataire dispose d’une gouvernance RGPD structurée : un Délégué à la protection des données (DPO) identifié, un registre des traitements à jour, des procédures en cas d’incident, et la capacité à gérer les demandes des personnes concernées dans les délais impartis. 

La sécurité technique et organisationnelle constitue un autre axe d’audit clé : chiffrement, contrôle des accès, traçabilité, sauvegardes, formation du personnel, etc. Il est aussi recommandé d’inclure une clause de droit d’audit dans le contrat, permettant au responsable du traitement ou à un tiers mandaté de vérifier régulièrement la conformité du prestataire. 

Des sanctions lourdes en cas de manquement 

Les prestataires n’ont plus le droit à l’erreur. Depuis l’entrée en vigueur du RGPD, ils sont directement responsables de leurs manquements. La CNIL, comme ses homologues européennes, peut infliger des amendes pouvant aller jusqu’à 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial. En cas de non-respect plus grave, notamment pour traitement non autorisé ou sous-traitance non encadrée, l’addition peut grimper à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires. 

À cela s’ajoute la responsabilité contractuelle envers le donneur d’ordre : indemnisation, pénalités, voire rupture anticipée du contrat. Sans oublier l’impact réputationnel, souvent plus destructeur encore qu’une amende. 

La check-list d’audit : un outil stratégique 

Avant d’engager un prestataire ou de renouveler une collaboration, il est recommandé d’appliquer une méthodologie rigoureuse. Voici les principales étapes à intégrer dans votre check-list d’audit : 

Identification du prestataire : les bases de la gouvernance RGPD

La première étape consiste à vérifier que le prestataire dispose des fondamentaux en matière de gouvernance des données personnelles. Cela inclut notamment la désignation d’un Délégué à la protection des données (DPO) ou, à défaut, d’un interlocuteur clairement identifié et formé à ces enjeux. Ce rôle est essentiel pour faire le lien avec le responsable du traitement, répondre aux demandes des autorités ou des personnes concernées, et piloter la conformité en interne. 

Autre indicateur de maturité : l’existence d’un registre des traitements. Ce document recense les activités de traitement, leurs finalités, les catégories de données, les mesures de sécurité, etc. Il est exigé par le RGPD et constitue un socle de transparence et de responsabilité. 

Enfin, la certification du prestataire – ISO 27001 pour la sécurité de l’information, HDS pour les données de santé, ou encore SecNumCloud pour les services en cloud – apporte des garanties supplémentaires sur le respect de standards de sécurité reconnus. 

Revue contractuelle : les clauses RGPD indispensables

Le cœur de l’audit repose sur l’analyse du contrat liant les parties. Ce document doit impérativement contenir des clauses spécifiques prévues par l’article 28 du RGPD. Il doit notamment : 

  • Définir la finalité du traitement confié, la durée de conservation, les catégories de données et les personnes concernées.
  • Préciser les obligations respectives du responsable du traitement et du sous-traitant, notamment en matière de sécurité, de confidentialité et d’assistance.
  • Encadrer la sous-traitance ultérieure, en subordonnant toute délégation à une autorisation écrite préalable.
  • Prévoir une clause d’audit, permettant au responsable du traitement de contrôler régulièrement la conformité de son prestataire (directement ou via un tiers). 
  • Et enfin, définir clairement les modalités de restitution ou de destruction des données à l’issue de la mission. 

Un contrat incomplet ou imprécis expose le donneur d’ordre à un risque juridique en cas de litige ou de contrôle par une autorité. 

Sécurité technique et organisationnelle : des preuves concrètes attendues

Une fois la gouvernance et le cadre contractuel validés, place à l’évaluation des mesures de sécurité opérationnelles mises en place. Ces mesures doivent être proportionnées aux risques liés aux données traitées. 

Parmi les vérifications à effectuer : 

  • Le chiffrement des données sensibles, aussi bien au repos qu’en transit, constitue une pratique de base pour réduire les conséquences d’une éventuelle fuite. 
  • Le contrôle des accès (gestion des droits, journalisation, double authentification) doit garantir que seuls les utilisateurs autorisés peuvent consulter ou modifier les données. 
  • La formation du personnel à la sécurité de l’information et à la confidentialité est indispensable pour limiter les erreurs humaines. 
  • Enfin, la mise en œuvre de sauvegardes régulières, de tests de résilience (ex. : intrusion, stress test) et d’un plan de continuité d’activité démontre une volonté de prévention des incidents critiques. 

Ces éléments doivent pouvoir être attestés par des documents, des rapports ou des certifications. L’audit peut inclure l’examen de procédures, la réalisation d’interviews, ou même une visite sur site si nécessaire. 

Réactivité et gestion des incidents : évaluer la capacité d’alerte et d’assistance

Dernier pilier de l’évaluation : la gestion des violations de données et la réponse aux demandes des personnes concernées. 

En cas de fuite ou d’accès non autorisé, le prestataire doit être capable de détecter rapidement l’incident, d’en évaluer la gravité, et d’en informer le responsable du traitement dans un délai de 48h maximum, conformément au RGPD. Ce processus doit être formalisé dans une procédure interne documentée, régulièrement testée. 

De même, le prestataire doit être en mesure d’assister son client dans la gestion des droits des personnes : droit d’accès, de rectification, d’opposition, d’effacement, ou encore de portabilité. Cela suppose une organisation interne capable de répondre efficacement et dans les délais impartis par le règlement. 

À l’issue de l’évaluation : un classement pour piloter les risques 

Une fois toutes ces étapes réalisées, il convient de noter ou classifier les prestataires selon leur niveau de conformité : 

  • Conforme : le prestataire répond à toutes les exigences, la relation peut se poursuivre sereinement. 
  • Partiellement conforme : des manquements sont identifiés mais peuvent être corrigés rapidement ; un plan d’action devra être mis en place et suivi. 
  • Non conforme ou à risque élevé : des lacunes majeures remettent en cause la fiabilité du prestataire ; une remise en conformité immédiate ou une rupture contractuelle peut être envisagée. 

Ce diagnostic permet non seulement de sécuriser les traitements externalisés, mais aussi de prouver sa diligence en cas de contrôle de la CNIL ou d’incident, en démontrant que le responsable du traitement a agi de manière proactive. 

Conclusion 

Le RGPD impose aux entreprises une vigilance continue vis-à-vis de leurs sous-traitants. Un contrat béton, une évaluation rigoureuse et des audits réguliers sont les meilleurs moyens de se prémunir contre les risques juridiques, financiers et réputationnels. À l’heure où la protection des données devient un critère de confiance entre partenaires, maîtriser cette chaîne de responsabilité n’est plus une option, mais une exigence stratégique. 

Weodeo vous accompagne dans votre mise en conformité RGPD. Nous sommes à votre écoute pour vous conseiller sur les technologies offrant sécurité et niveaux de protection des données requis. Notre approche couvre l’ensemble de la chaîne de sous-traitance : de l’audit initial de vos partenaires existants à la mise en place de contrats conformes, en passant par l’implémentation de mesures techniques de sécurisation des données.